• En ce jour de la Toussaint, j'ai la certitude ma chère petite soeur qui me manque tant que tu es désormais au paradis, à faire la fofolle au milieu de tous ces Saints. Ne mets pas trop le bocson à-haut non plus, hein !

    J'ose croire qu'après toutes les souffrances que tu as endurées durant ta courte existence, les bonnes actions que tu as faites (ton "cabinet de psy" ouvert 7jour/7 et 24h/24 même pendant tes chimios, ton refus de rester passive devant le malheur des autres, quitte à prêter l'argent prévu pour tes médicaments,... et j'en passe), tu as eu un accès direct au paradis. Sinon, ce serait quand même à désespérer d'être gentil sur terre, non ? Haha, le genre de discours que tu n'aimes pas entendre. Viens me le dire en face si tu n'es pas contente, tiens.


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  • CDI. Voilà ce que j'attendais, ou ce que je pensais trouver. Pas un contrat à durée indéterminée (quoique ça aussi, j'en voudrais bien un !) mais une consolation/compréhension à durée indéterminée. Je pensais qu'il allait de soi que, face à quelqu'un qui vient de perdre sa soeur, des amis feraient preuve d'une empathie sans faille et en toutes circonstances.

    Hélas, la réalité fut tout autre !

    Bien sûr, dès que le décès de ma petite soeur fut connu, j'ai reçu des dizaines d'appels et de messages. Au point que j'ai été obligée d'éteindre mon téléphone à minuit car je devais encore préparer nos valises pour le départ prévu le lendemain à destination de Madagascar.

    Pendant mon absence, les mails et les courriers ont continué à arriver. J'ai répondu à tous à mon retour. Quelques-uns se sont encore manifestés pour assurer de leur soutien en ces temps difficiles.

    Les amis, eux, ont commencé à se faire rares. Il y en a dont je n'ai plus entendu parler depuis le mois de mars. D'autres qui m'écrivent mais sans faire allusion à cette perte douloureuse que je venais de subir. Au début, je me disais que les gens ne voulaient peut-être pas remuer le couteau dans la plaie. Mais même quand, de mon propre chef, j'avouais que je vivais des moments pas faciles, au mieux je recevais en retour un vague "ça ira mieux demain!" sinon, souvent, c'est un silence qui accueille mon aveu.

    Et je me dis : en fait, pour de nombreuses personnes, une fois que les funérailles ont eu lieu, on doit passer à autre chose. Etre triste plusieurs mois après, c'est bizarre. J'ai vraiment l'impression que pour bon nombre de gens dans mon entourage, le deuil a une date de péremption. Deuil à durée déterminée. Le fameux DDD du titre.

    Quand je réalise cela, j'ai la tentation d'être méchante. Et de dire que, OK, pour l'instant, c'est mon tour de souffrir mais personne n'est épargnée par le malheur tout le temps. Leur tour viendra aussi. Et ce jour-là, moi aussi, je présenterai mes condoléances et puis basta ! Qu'ils se débrouillent avec leur douleur et tristesse.

    Je me sais capable d'agir ainsi. Même si je reconnais que ce n'est pas bien. Je n'ai pas été élevée pour devenir comme ça. Mais c'est trop tentant de rendre coup pour coup.

    Au moins, le point positif de tout ça, c'est que le tri s'est fait automatiquement dans mon carnet d'adresses. De mes plus de 200 amis sur facebook, de ma liste de contact mails ou téléphoniques, je sais désormais qui sont es vrais amis et qui ne le sont pas. J'ai eu beaucoup de déceptions mais également d'énormes satisfactions de savoir que certaines personnes, même si elles sont très rares, sont de vrais gens de confiance. mes vraies amies. Et ça, ça n'a pas de prix !


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  • Depuis le décès de ma soeur, je me mets à scruter chaque petite chose, à la recherche d'un signe, d'une présence. Suis-je folle ? Parfois, je me le demande.

    J'ai rêvé d'elle. Cela faisait des jours que j'étais bien triste et voilà, un soir, je me vois en larmes, en grosses larmes même. J'étais ici, en France, chez moi dans la chambre d'amis où j'ai l'habitude de me mettre quand j'ai des insomnies. J'étais donc là, en train de pleurer quand je sens que ma petite soeur s'était couchée à mes côtés. Sans même la voir, je me suis sentie emplie d'une telle joie. Une sorte de paix intérieure, enfin, je ne sais pas trop comment décrire ce sentiment.

    "Mais qu'est-ce que t'as ? me demanda-t-elle.

    Je m'étais retournée et vis qu'elle avait le sourire aux lèvres. Elle ne me laissa pas parler et enchaîna :

    - Allez, quoi ! Arrête d'être triste. Tu sais, je vais bien. Vraiment bien ! Il n'y a pas de quoi se mettre dans cet état."

    Je reconnus là sa façon de parler : direct, franche et un peu pince-sans-rire. Ma petite soeur ! C'était bien elle. Elle s'était approchée de moi et me pris dans ses bras. J'avais l'impression que nous étions restées ainsi très longtemps. Un temps qui me parut assez court pourtant. J'ai ressenti un souffle glacé sur mon visage. Cela m'avait réveillée.

    J'avais ouvert les yeux et vis que j'étais seule. J'étais bien déçue. J'ai compris que ce n'était qu'un rêve.

    Par contre, je sentais encore ce froid sur mon visage. J'ai touché mon oreiller en me disant "peut-être que j'ai bavé et que c'est ce qui a donné ce sentiment de froid"  ou bien que "j'ai dû transpirer et mouiller l'oreiller". Celui-ci était sec pourtant.

    Comment interpréter ce rêve ? D'ailleurs, faut-il chercher à y voir un signe ? C'était peut-être juste mon subconscient qui essayait de trouver un réconfort face à ma grande tristesse.

    Je n'ai pas la réponse mais en tout cas, ce rêve m'a apporté un peu de sérénité. Ca durera ce que ça durera. J'ai envie de croire que c'était ma petite soeur qui m'avait envoyée un signe pour me dire qu'elle allait bien désormais.


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  • Que c'est difficile de survivre à sa petite soeur !

    Six mois se sont écoulés et pourtant, j'ai encore parfois du mal à réaliser qu'elle n'est plus là.

    Nous avions l'habitude de nous envoyer des e-mails très tard dans la nuit, voire à l'aube quand toutes les deux nous avions du mal à trouver le sommeil. Il m'arrive toujours d'être réveillée en pleine nuit et là, son absence se fait encore plus sentir. J'ai tellement envie de prendre mon téléphone et de composer un message à son intention. Parfois, quand je marche dans la rue ou quand je suis devant la télé et que je vois quelque chose qui l'aurait sûrement intéressée ou fait rire, je me surprends à attraper le téléphone pour lui envoyer un SMS ou pour l'appeler. Dans ces moments-là, une ressens une énorme boule dans la gorge.

    Quelle injustice ! Pourquoi elle ? C'est moi qui aurait dû partir avant elle car je suis plus âgée. Des fois, la tristesse est tout simplement atroce que je n'ai juste pas envie de continuer à vivre. Alors, je pense à mon homme et à mon enfant et je me dis que pour eux, je dois aller de l'avant. Mais parfois, cela ne suffit pas.

    MON DIEU QUE C'EST DUR !


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  • Aujourd'hui, cela fera 6 mois qu'Aimée est partie. Déjà ! Ca me paraît si long et en même temps, c'est comme si c'était hier.

    Tout autour de moi, les gens sont déjà passés à autre chose. Suis-je donc pas bien dans ma tête pour continuer à souffrir autant alors que les autres qui se disaient proches d'elle arrivent à ne plus parler d'elle ?

    Heureusement qu'il me reste encore une autre soeur sinon plus personne ne me demanderait comment je vais. Non, il faut que je sois juste, il y aussi les très bons amis d'Aimée qui, eux, continuent à parler d'elle, à entretenir sa mémoire et à prendre de nos nouvelles, nous sa famille.

    Par contre, les proches, qu'est-ce qu'ils me déçoivent ! Mais peut-être que tant qu'ils n'ont pas été confrontés à une telle perte, ils ne comprennent pas à quel point c'est dur. Je ne sais pas. Et aujourd'hui, je ne veux pas essayer de comprendre. Je veux juste me rappeler.

    Où que tu sois ma petite Aimée, repose en paix. Tu me manques tellement.


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  • Dans la famille, nous avons toujours considéré Aimée comme une miraculée. Je m'explique. Quand elle était petite, elle avait un problème cardiaque. En fait, son coeur était énorme. A sa naissance, on voyait presque une marque sur sa poitrine. Nous vivions alors à la campagne profonde malgache. Les médecins étaient assez pessimistes sur ses chances de survie. Mais elle a grandi plutôt mal que bien.

    Un éclat de voix, un coup de klaxon lointain, une porte qui claque et elle s'évanouissait. Je me souviens encore de l'avoir taquinée au point de l'énerver - je devais avoir 5 ans et elle 2. Elle s'était mise en pleurs et, tout d'un coup, je la vois s'effondrer. Mon père avait accouru. Avait essayé de la ranimer en l'aspérgeant d'eau froide. Et puis comme toujours dans ces cas-là, quand ça ne suffisait pas, il l'avait prise dans ses bras et avait couru à l'hôpital qui se trouvait heureusement à cinq minutes à pied. Ma petite soeur y recevra une piqûre pour la réveiller.

    Mes parents pouvaient l'amener comme cela deux ou trois fois par jour.

    Ce fut un de nos voisins, un enseignant qui était également tradipraticien (il avait des dons pour soigner par les plantes et avait suivi des formations à ce sujet à l'étranger) qui prit pitié d'Aimée. Il vint un jour voir mes parents et leur proposa de la soigner. Au point où ils en étaient, ils acceptèrent.

    Le souvenir est vague dans mon esprit mais je me rappelle que ce monsieur avait prit de la mauvaise herbe qui poussait au bord des chemins, raclé une planche à couper du bois, et puis je ne sus pas trop ce qu'il avait concocté d'autres. En tout cas, il fit boire ce breuvage à ma petite soeur. Et dès ce jour, elle ne s'était plus jamais évanouie.

    Cet homme avait sauvé la vie d'Aimée. Il interviendra à nouveau lors de son premier cancer mais nous en reparlerons plus tard.

    Voilà pourquoi nous avons toujours considéré ma petite soeur comme une miraculée. Le miracle aura duré un peu moins de trente ans.

     


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  • Aujourd'hui 26 août 2013, j'ai finalement pris mon courage à deux mains et je me lance dans l'écriture du premier article de ce blog. J'y pensais depuis quelques mois, sans avoir eu le courage d'aller plus loin. Mais voilà, je ressens de plus en plus le besoin et l'envie de mettre par écrit et de partager ce que je ressens.

    Pourquoi ce blog ?

    Parce que le dimanche 17 mars 2013, j'ai perdu ma petite soeur- appelons-là "Aimée" (par respect pour mes proches, je changerai tous les noms et prénoms). Elle se battait contre un lymphôme depuis des années. Elle arrivait presque à la fin de son dernier traitement quand une banale infection l'avait emportée. Quelques jours avant son trentième anniversaire.

    On a beau se dire qu'un cancer, c'est très méchant et que ça peut vous emporter à tout moment, n'empêche, cette disparition brutale m'avait bien mise K.O. Depuis ce jour, je survis tant bien que mal. La douleur, la tristesse, des questions sur le pourquoi de tout ça : c'est mon lot quotidien.

    Son souvenir est encore très vivace. Et je ne veux surtout pas l'oublier.

    Alors, j'ai décidé de me lancer dans ce blog, pour elle. Pour lui rendre hommage.

    Je veux me rappeler tous les bons moments. Je veux partager sa joie de vivre, son optimisme à toute épreuve, sa capacité à être à l'écoute et sa volonté d'aider, même quand elle était affaiblie par les chimios.

    Puisse ce blog t'apporter aussi un peu de réconfort, toi l'internaute qui me fera l'honneur de parcourir ces lignes.


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